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Choisir l'Amour


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J’ai longtemps pensé que dans l’espace du couple, chacun devait combler seul ses besoins afin de ne pas être dépendant de l’autre et d’évoluer. J’ai fonctionné avec l’idée que je ne devais rien attendre de mon partenaire et ne pas chercher non plus à combler ses besoins, qu’il devait les prendre en charge lui-même pour s’élever et ne pas dépendre de moi non plus. Si l’on ajoute à cela la croyance largement répandue que l'on apprend, grandit et se renforce grâce aux épreuves et à la souffrance, ceci a maintenu en moi l'idée que l’inconfort, les difficultés, la douleur ou le fait d’affronter seul ses problèmes étaient inévitables voire bénéfiques et que nous devions vivre avec.

Évidemment, nous ne contrôlons pas les évènements extérieurs et ce qui nous arrive peut créer de l'inconfort ou de la souffrance que nous ne pouvons éviter. En revanche, j’ai réalisé que l'espace de la relation amoureuse nous donnait l'opportunité de choisir ce que nous souhaitions vivre.


Nous pouvons en effet laisser les choses se dérouler sans vraiment nous investir, sans vraiment partager et nous soutenir mutuellement, ce qui donnera un résultat aléatoire, ou alors nous pouvons faire le choix de l’engagement et du partage conscients, qui nous amèneront vers une toute autre qualité de relation. Cette voie implique évidemment la volonté de faire de son mieux et de donner le meilleur à l'autre chaque jour, d’oublier un peu notre propre importance pour goûter à la joie d’accorder à notre partenaire toute l'importance qu'il/elle mérite et avoir envie de le/la chérir, de prendre soin de lui/d’elle, de soi et de la relation.


Pour cela, il est indispensable d’avoir à cœur de se connaître soi-même, sans complaisance mais avec douceur, et surtout de connaître profondément la personne qui partage notre vie, de s'enquérir de ses besoins, de ce qu'elle vit, ressent, mais pas juste pour la forme, de manière superficielle, non, de manière sensitive, avec l'engagement de tout notre être à écouter en présence, avec attention, de sentir notre propre corps traversé par l'intérêt que l'on porte à l'autre (ce qui nous nourrit également).

Ceci passe par le désir quotidien de développer l’échange avec notre partenaire, de ne jamais considérer que nous le/la connaissons trop bien, sans quoi, le temps passant, nous risquons de vivre avec une image que l'on se sera construite de lui/d’elle sans même nous en apercevoir. Nous ne vivrons plus alors «avec» mais «à côté» de notre compagnon/compagne, ou plutôt à côté de cette image, et la relation ne sera plus qu'une chimère.


Nous évoluons et changeons tous constamment. Poser sur l’autre un regard neuf et ne pas l’enfermer dans un schéma dont il ne pourrait sortir est essentiel. Cela permet également de garder de la fraîcheur dans la relation et de ne pas tomber dans l'ennui. Si chaque matin nous avons envie de redécouvrir notre amoureux/se, de sentir la complicité qui nous unit, alors chaque journée est une nouvelle occasion de faire grandir l'amitié, la tendresse, le partage et la passion.


La passion n'est effectivement pas quelque chose qui peut être présent au début, du fait de la nouveauté, et qui est voué à s'éteindre avec le temps. C'est tout le contraire. Qu'elle soit là ou pas au commencement, elle peut naître, ou en tout cas ne pas disparaître, et n’avoir de cesse de croître avec le temps.

Je ne parle pas ici d’une passion brûlante et dévorante, je parle d'une passion beaucoup plus profonde et durable. Une passion délicate, qui traverse le corps dans une sensation chaleureuse et pétillante qui nous fait vibrer en douceur et nous rend pleinement vivant. Un courant de vie qui nous porte à explorer chaque instant, à devenir sensitif face à la personne qui nous accompagne, et qui donne naturellement envie de nous unir à elle intellectuellement, sensiblement et physiquement . Nous unir non pas pour nous fondre, (contrairement à d’autres formes passionnelles) mais pour accéder à l’union subtile de nos complémentarités.


Cette forme de passion nécessite donc que nous acceptions de ne rien prendre pour acquis, de ne pas tirer de conclusions auxquelles on s’accrocherait concernant l’autre ou la relation, de jouer le jeu de la nouveauté et de la fraîcheur au présent et de nous laisser toucher quotidiennement par la sensibilité de notre partenaire en nous rappelant ce que nous aimons en lui/elle. Cependant, pour perdurer, ces comportements ont besoin de devenir naturels et pour cela, deux autres conditions sont d’après moi nécessaires: la confiance et la sécurité qui en découle.


La confiance est un socle à cette flamme profonde et durable car la relation doit être un espace de sécurité pour que la passion, la complicité et l'harmonie puissent s'y établir avec des bases solides. Et la confiance est indispensable à la sécurité.

On assimile néanmoins très souvent cette confiance à l’absence de tromperie et de mensonges; elle est pourtant tellement plus vaste.

La confiance réside dans le fait de savoir que chacun est engagé à apporter le meilleur dans la relation, comme nous venons de l’évoquer, mais également qu’aucun ne se sert des blessures et des défauts de son/sa partenaire contre lui/elle. Savoir que dans cet espace du couple, chacun peut être vulnérable et authentique, abandonner ses masques. Savoir que ses manquements, ses fragilités et ses faiblesses ne lui seront pas reprochés et ne seront pas retournés contre lui; qu'au contraire ils seront accueillis avec bienveillance et douceur car chacun aura conscience de ses failles et ne se donnera pas le devoir de pointer chez l’autre ce qui dysfonctionne.

Savoir qu’à l’inverse, les deux regarderont tout cela avec tendresse pour s’élever et se soutenir dans ce processus de guérison et de libération de ce qui les encombre ou les obscurcit encore. Car rien n’est plus efficace qu’un regard bienveillant et positif pour aider une personne à dépasser ce qui nécessite de l’être.


Savoir également que si l’un perçoit parfois des choses dont l’autre est totalement ou partiellement inconscient, celui qui «voit» soumettra sa vision avec bienveillance, conscient que cette part de son partenaire a seulement peur de regarder la vérité en face, parce que lui aussi porte ses ombres et ses fantômes et que nous ne sommes que des humains en chemin. Alors les deux amoureux pourront se donner cette bonté l'un à l'autre de ne pas se juger et de s'accueillir dans une infinie douceur, de se permettre de se montrer sans fard, tels qu’ils sont, authentiques, vulnérables et humbles.

Connaître les failles et les défauts de l'autre non pas pour les pointer du doigt ou alimenter la discorde dans la relation, mais bien au contraire pour aimer ces parties de lui, quand lui-même n'y parvient pas, et avoir à cœur de connaître l'autre pour ne pas appuyer là où ça fait mal.


Moins nous accordons d'importance et d'énergie à connaître l'autre, plus nous avons de chances de passer à côté de toute la richesse qui l’habite mais également de mettre le doigt là où ça fait mal par inadvertance. Nous sommes effectivement souvent en miroir dans les relations et nous risquons donc d'appuyer sur les «boutons rouges» sans le chercher. En revanche, si nous nous connaissons bien nous-même et que nous connaissons l'autre avec finesse, de manière sensitive, intuitive autant que concrète parce que nous avons communiqué, échangé et, grâce à cela, vérifié si nos ressentis, pensées étaient justes ou pas, alors nous pouvons décider d’être vigilant à ne pas le/la blesser et continuer à développer confiance et sécurité dans notre union.


La vie se charge de pointer nos faiblesses, de nous apporter les éléments et les évènements qui nous obligent à voir ce que nous mettons sous le tapis, à explorer nos zones d'ombre et de lumière pour évoluer; tout cela est la vie, et ce n'est pas toujours facile. Mais dans l'espace du couple, nous avons le choix de nos actes et donc de ne pas contraindre l'autre à ressentir de l'inconfort ou de la souffrance. Nous pouvons décider de soutenir ces espaces douloureux ou moins reluisants et de les baigner d’amour.

Et si par méconnaissance ou inadvertance l’un appuie sur les boutons rouges de l’autre, grâce à cette confiance développée chez les deux partenaires, la personne blessée ne lui en tiendra pas rigueur car elle saura que ce n’était pas intentionnel. Et parce que celui ou celle qui aura blessé aura confiance également, il pourra entendre, sans l’interpréter comme des reproches, qu'à cet endroit c’est douloureux et que l’autre a besoin d'y mettre de la présence et de la douceur.

La confiance nous octroie donc ce second cadeau: une communication plus fluide dans laquelle aucun des deux ne se sent agressé à tort par les propos honnêtes de l'autre car il sait qu’aucune arrière-pensée ne se cache derrière ses mots et qu'il n'y a qu’un soutien aimant. Chacun peut alors ressentir qu’il a le droit d’être vrai et de dire ce qui lui tient à cœur, pour informer l’autre de ce qu’il éprouve, de ses besoins et permettre à son partenaire d’y répondre sans jouer aux devinettes et sans malentendus ou incompréhensions.


Il existe cependant bien des façons de blesser involontairement celui ou celle que nous aimons et je souhaite évoquer ici un second comportement que je trouve nécessaire de regarder en face: imposer ou vouloir imposer à l’autre, le plus souvent inconsciemment, notre façon de penser ou d’agir car nous la jugeons bonne ou meilleure que la sienne.

En prendre conscience est important car en agissant de la sorte, nous émettons un jugement et privons l’autre de notre amour. Dès l’instant où nous jugeons ou désirons convaincre, nous cessons d’aimer. Nous voulons seulement obtenir ce que nous voulons: que l’autre réponde à notre attente ou admette que nous avons raison. Nous aspirons à «gagner» et finalement nous perdons. Car notre compagnon/compagne perçoit (même inconsciemment) que nous souhaitons changer quelque chose en lui/elle, que quelque chose dans sa manière de penser ou d’agir n’est pas conforme et qu’il/elle n’est pas entièrement aimé(e) tel(le) qu’il/elle est et pour ce qu’il/elle est.

Cela peut en outre appuyer sur des blessures déjà existantes (telles que le rejet, l’injustice, etc) et les raviver. Il faut donc être vigilant à ce que nous imposons ou cherchons insidieusement à imposer, car l’autre peut enregistrer l’impression qu’il/elle ne convient pas et qu’il/elle doit changer quelque chose pour mériter notre amour bien que ce ne soit pas notre intention. Quoiqu’il en soit, il/elle ne parviendra probablement pas à se sentir pleinement apprécié(e), même s’il/elle l’est, et cela pourra altérer son sentiment de confiance et de sécurité dans la relation.


Oublier notre propre importance, notre propre satisfaction, c’est donc renoncer à imposer ce «je veux ce que je veux», renoncer à imposer nos attentes pour aimer pleinement et s’intéresser profondément à l’autre et tout ce qu’il a déjà à offrir. Oublier ce qu’il «n’a pas», et que voudrait notre «petit moi exigeant», pour chérir entièrement ce qu’il/elle est et qui est déjà là. (Ce qui est à différencier de l’expression de nos besoins. D’où la nécessité d’apprendre à discerner nos besoins de nos vouloirs mentaux, mais nous y reviendrons dans un autre post.)

En valorisant ce que l’autre possède déjà de positif et de merveilleux, nous donnons le meilleur de nous-même (ce qui est positif pour nous aussi) et nous permettons à l’autre de développer le meilleur de ce qu’il porte déjà. Nous ne cherchons plus à le/la changer et nous lui permettons de se reconnaître dans tout ce qui est beau et présent chez lui/elle, autant que dans l’accueil de ses brèches et de ses carences.


Il nous arrive à tous d’imposer des choses à notre partenaire, sans même nous en rendre compte, parce que nous recherchons le plaisir et la satisfaction, voire la perfection, en permanence.

Or la vie nous impose déjà son lot de contraintes, essayons donc de ne pas imposer à notre partenaire de répondre à nos vouloirs, à nos attentes égotiques ou à nos besoins exactement comme on le voudrait. Exprimons nos besoins réels (pas mentalisés) sans attentes particulières et laissons l’autre y répondre à sa manière. Faisons-lui confiance pour faire de son mieux et répondre avec ce qu’il/elle a de meilleur en lui/elle à nos besoins exprimés. Faisons confiance à l’Amour.


De plus, ces choses que l’on essaie inconsciemment d’imposer nous maintiennent dans des rapports dominant/dominé où chacun tente d’obtenir ce qu’il veut et de prendre une forme d’ascendant sur son partenaire pour maintenir cette satisfaction. Ce sont des mécanismes humains qui peuvent être très bien cachés et dont nous ne soupçonnons pas toujours l’existence dans nos comportements, d’où l’importance d’en avoir connaissance, pour être vigilant, les percer à jour et pouvoir ainsi choisir de ne plus les utiliser.


En cultivant toutes ces qualités relationnelles qui bâtissent la confiance, cela induit ce socle de sécurité si important dans la relation et donne l’opportunité à l’amour de se déployer pleinement et naturellement, sans rien forcer.

Cela ne crée pas de dépendance affective ou toute autre dépendance, seulement un partenariat d’amour gagnant-gagnant où chacun vient rendre la vie plus belle à l’autre, ce qui lui donne l’occasion d’oublier sa propre importance et la course à sa propre satisfaction, tout en recevant, par la réciproque du duo de partenaires, ce dont il a besoin pour déployer encore plus d’amour envers l’autre et lui-même. Cela crée un cercle vertueux qui élève les deux partenaires et fait grandir leur humanité.

La dépendance inconsciente peut être enfermante et douloureuse, alors que l’interdépendance éclairée est ouverture du cœur et élévation.


Pour moi, la vraie liberté n’est pas de ne pas avoir de contraintes ou de faire ce que nous voulons quand nous le voulons sans avoir de comptes à rendre. La vraie liberté vient du cœur, quand nous sentons que nous pouvons aimer sans rien avoir à protéger, que nous n’avons plus rien à défendre. Alors nous pouvons avoir des contraintes extérieures, nous pouvons composer avec l’autre en tenant compte de chacun, cela n’est plus un problème.

Quelle libération de sentir tomber les boucliers que nous portons depuis toujours et d’éprouver que nous sommes libres de nous abandonner à aimer sans limites, à offrir sans réserve et sans peur, de réaliser que nous ne risquons absolument rien en ouvrant notre cœur et notre vulnérabilité à celui ou celle qui nous accompagne, et que la relation nous permet de donner et recevoir en équilibre sans rien avoir à chercher.

Nous découvrons alors ce qu’est la véritable liberté, qui ne réside ni dans l’absence de contraintes, ni dans le détachement émotionnel ou l’ultra indépendance, ni dans la protection, ni dans le «moi je», mais bien dans le fait de déposer les armes, de mettre fin à la quête de plaisir permanent et de donner le meilleur de soi sans compter. Nous réalisons finalement qu’aimer est bien plus simple, doux et épanouissant que de s’évertuer à maintenir ses protections et sa propre satisfaction.


Nous découvrons que nous sommes l’amour, la douceur et que nous n’avons finalement jamais rien souhaité d’autre que de partager cela, pour nous et pour l’autre. C’est un chemin qui demande du courage et la volonté d’être honnête, intègre et de se regarder sans complaisance ni excuses, mais sur lequel nous avons tellement à gagner !

Nous laissons éclore et partageons la meilleure version de nous-même et cela finit par s’étendre dans tous les domaines de notre vie. Petit à petit, la peur laisse place à l’amour, le vide qu'elle crée en nous peut enfin commencer à être rempli par l’amour que nous sommes et la liberté d’être peut commencer à s’enraciner. Ce chemin est une possibilité parmi d’autres d’épanouissement à deux mais également de retour à soi, à l’amour que nous sommes réellement et qui ne demande qu’à grandir.


J’ai conscience que tout ce que je vous partage n’est pas une nouveauté. Je vous livre simplement le fruit d’un vécu et d’intégrations personnelles comme un rappel à ce que nous savons déjà mais que nous oublions parfois, au service de l’amour. Évidemment je ne détiens aucune vérité et il y a heureusement autant de manières de trouver l’épanouissement, l’amour et de se connaître soi-même que d’individus, qu’ils choisissent le célibat ou la vie de couple. Je vous invite donc à ne prendre que ce qui résonne pour vous.


Je développerai plus en profondeur certains aspects abordés dans ce post dans des posts individuels plus détaillés, alors n’hésitez pas à me suivre pour être avertis des nouvelles publications sur mon blog !




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